« Une caméra scanne l’andain avant le pressage »

L’option IntelliSense, proposée par New Holland sur sa gamme de presses à bottes rectangulaires, est un système de pilotage qui optimise l’alimentation du pick-up. Aurélien Daumain, entrepreneur de travaux et négociant en paille à Brion (Indre) est l’un des premiers utilisateurs de cet outil en France.

« Je l’ai testé en 2023, avant d’équiper deux de mes quatre presses, explique-t-il. Ce capteur de type Lidar est placé en haut de la cabine. Sa caméra scanne en continu le volume de l’andain à six mètres de distance, devant le tracteur. Les données sont traitées en direct par la console qui gère intégralement la direction et la vitesse. Une fois engagé sur l’andain, le chauffeur ne touche plus ni au volant, ni à l’accélérateur : c’est la presse qui pilote le tracteur. »

Le capteur placé en haut de la cabine analyse le volume de l’andain pour optimiser automatiquement la trajectoire et la vitesse d’avancement du matériel. (© Denis Lehé)

Huit à dix bottes en plus à l’heure

En effet, avec un andain bien régulier, le big-baler passe exactement dans l’axe de la paille, y compris dans les courbes. Si au contraire, il est dissymétrique, comme cela arrive parfois après un andainage, la trajectoire sera légèrement décalée du côté le plus épais pour faire entrer autant de paille à droite et à gauche du pick-up.

Pour améliorer la précision de lecture de la caméra, le chauffeur précise sur la console la hauteur de coupe des chaumes : ras du sol, normale ou élevée. Il détermine aussi les paramètres du pressage, comme le nombre de couches par bottes et leur épaisseur, ou éventuellement le poids final recherché.

La vitesse de travail s’ajuste ensuite automatiquement, sans intervention du chauffeur, pour atteindre les objectifs fixés. Quand l’andain est peu fourni, le tracteur accélère et si la paille est abondante, il ralentit. Le Lidar détecte même les tas laissés par la moissonneuse quand celle-ci s’est arrêtée en plein champ.

Avec une presse ainsi équipée, l’ETA estime que le rendement est amélioré de 8 à 10 bottes par heure de chantier. (© Denis Lehé)

« C’est assez bluffant, reconnaît l’entrepreneur. Quand l’ensemble arrive à 13 ou 14 km/h sur un amas de 1 m de haut, on se dit que cela ne passera pas ! Mais le tracteur réduit sa vitesse au dernier moment afin de tout absorber sans créer de bourrage, puis il repart aussitôt pour reprendre l’andain quelques mètres plus loin. Grâce à ce système, l’alimentation est homogène, et les balles sont très régulières en dimensions et en poids. Pour le chauffeur c’est également appréciable, car il a beaucoup moins de choses à gérer au niveau de la conduite. Cela se ressent d’ailleurs sur le rendement du chantier. Nous avons quatre presses équivalentes dans l’entreprise, et les deux qui possèdent l’option IntelliSense produisent en moyenne huit à dix bottes de plus à l’heure. L’investissement dans cet outil est donc facilement rentabilisé ! »

Un coût de 10 centimes/botte

Sur le plan financier, le tarif public de l’IntelliSense est de 12 000 € HT. Pour une ETA comme celle d’Aurélien Daumain, où chaque presse récolte environ 30 000 bottes par an, le prix de revient, calculé sur quatre années d’utilisation, est donc de seulement dix centimes/botte. Un montant faible comparé à l’augmentation obtenue en débit de chantier. Ce Lidar ne nécessite aucun frais d’entretien, et l’utilisateur n’a pas de licence annuelle à payer.

Actuellement, l’option est disponible uniquement sur les presses cubiques et les tracteurs du groupe CNH (New Holland et Case IH). Un montage en rétrofit est possible sur une presse déjà en service si elle a été produite après août 2020. De son côté, le tracteur doit être équipé de la fonction Isobus de Classe 3. À terme, New Holland prévoit de développer une version compatible avec les matériels des marques concurrentes.

Le chauffeur définit les paramètres de bottes (dimensions, nombre de tranches) et la presse prend alors le contrôle du tracteur afin d’atteindre les objectifs. (© Denis Lehé)

La console en cabine permet d’automatiser indépendamment la direction ou la vitesse. C’est utile par exemple lorsque la paille est peu abondante. En effet, comme le système cherche à optimiser en permanence l’alimentation de la presse, le tracteur roule parfois trop vite ce qui peut être inconfortable pour le chauffeur.

En mode totalement automatique, il suffit de toucher au volant ou au joystick de la transmission pour repasser en fonctionnement manuel. Le chauffeur peut aussi corriger la trajectoire en programmant un décalage car il peut exister une différence entre le volume apparent et la densité réelle de paille à l’intérieur de l’andain.

« Cela simplifie énormément la conduite puisque c’est la console qui gère tout, souligne Aurélien Daumain. Le chauffeur effectue les demi-tours en bout de champ et surveille que tout se passe bien. Il est donc possible de confier le pressage à un salarié peu expérimenté, sans crainte sur la qualité et la régularité des bottes. »

Cette option est réservée pour le moment aux presses et tracteurs du groupe CNH (New Holland et Case IH). À l’avenir, elle pourrait devenir compatible avec les marques concurrentes. (© Denis Lehé)

Denis Lehé

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